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leur a montré le chemin de vie en leur donnant les viandes célestes, nourriture de l’intelligence, les commandements qu’il avait reçus de son père. Et le Père a appelé l’Esprit saint et les anges, et leur montrant l’ouvrage du Sauveur, il leur a demandé s’il ne fallait pas donner à son corps si pur, si saint, si soumis à l’âme, si obéissant à Dieu, quelque récompense immortelle. Et cela doit t’apprendre, Hermas, à conserver ton corps exempt de toute souillure, afin qu’il reçoive aussi l’immortalité. Qui souille son corps souille son âme ; car ils sont indissolublement unis : conserve-les donc purs l’un et l’autre, si tu veux vivre en Dieu. »


VI.


Un jour, le pasteur apparut à Hermas, et l’ayant amené dans la campagne, il lui fit voir un jeune berger en habit de fête, de couleur écarlate, dont les nombreux troupeaux étaient comme dans l’ivresse, bondissant de contentement et courant çà et là tout transportés de joie ; et ce troupeau semblait causer à ce berger une grande satisfaction, et il marchait au milieu de ses brebis, et l’allégresse était peinte sur son visage. Ils allèrent ensuite un peu plus loin et virent un autre berger, haut de stature, à l’aspect repoussant, vêtu d’une peau de chèvre toute blanche, avec la pannetière sur l’épaule, tenant d’une main un bâton noueux, de l’autre un fouet. Ce berger s’emparait de quelques brebis échappées au premier berger, et les poussait aussitôt à coups de fouet et de bâton, sans les laisser respirer un moment, dans des lieux escarpés et sauvages, couverts de ronces et d’épines. « Le premier berger, dit le pasteur à Hermas, est le démon des plaisirs, de la mollesse et de la volupté ; le second berger est l’ange du châtiment ; et quand il a rendu ses brebis meilleures, elles me sont confiées, à moi l’ange de la pénitence. »


VII.


Quelques jours après, Hermas courait dans ces mêmes lieux