Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la porte vers laquelle ils s’avancèrent dans l’espoir de la franchir ne les laissait pas passer ; et chaque fois que quelqu’un de ces grands criminels, avant d’avoir achevé l’expiation de ses crimes, cherchait à s’approcher du seuil, elle faisait entendre comme un horrible mugissement. Là étaient apostés des hommes horribles à voir et qu’on aurait dit être de feu, lesquels, au signal du bruit que faisait la porte, s’emparaient d’Aridée et de ceux qui étaient avec lui, leur garrottaient les pieds et les mains, leur brisaient la tête en les lançant contre la terre, les déchiraient et les rejetaient tout sanglants sur des buissons d’épines : en même temps ils racontaient à ceux qui étaient témoins de ces supplices les crimes des coupables et ce qui les avait fait tomber dans le Tartare. Mais parmi les craintes de toute espèce auxquelles ces âmes étaient en proie, aucune n’égalait celle d’entendre le mugissement de la porte, et c’était pour les âmes un moment de joie très-vive de ne l’avoir pas entendu en sortant. Voilà quels étaient les supplices des enfers ; mais le sort des justes était tout différent. » Ce passage de Platon donnerait à penser qu’il n’a pas seulement emprunté aux prophètes le dogme du jugement après la mort, mais encore celui de la résurrection, à laquelle les Grecs ne croyaient point. En effet, quand il représente l’âme unie au corps pour subir le châtiment des fautes commises dans cette vie, que fait-il autre chose que déclarer qu’il croit à la résurrection ? Car, autrement, comment cet Aridée et les autres qui ont laissé sur la terre leur corps, leur tête, leurs mains et leurs pieds, pourraient-ils souffrir des peines corporelles dans les enfers ? Est-ce qu’une âme a une tête, et des mains, et des pieds, et une peau ? Mais si Platon nous représente l’âme unie au corps subissant le châtiment des fautes commises sur la terre, c’est qu’il avait puisé cette doctrine de la résurrection dans les prophètes, lors de son voyage en Égypte.

XXVIII. Et ce n’est pas seulement Platon qui parle ainsi, Homère, qui avait également voyagé en Égypte et avait puisé ses connaissances à la même source, parle de la même manière des enfers, en racontant le supplice de Tityus. C’est Ulysse