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commun. Il n’y avait point de pauvres parmi eux, parce que tous ceux qui avaient des terres et des maisons les vendaient et en apportaient le prix ; ils le mettaient aux pieds des apôtres, et on le distribuait à chacun. Il se faisait alors beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple, par les mains des apôtres, et le peuple leur donnait de grandes louanges. Il arrivait de là que le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s’augmentait tous les jours de plus en plus. » Quel tableau, quand on le rapproche de celui que nous avons tracé du monde païen ! Rousseau a eu raison de dire : L’histoire de ces premiers temps est un prodige continuel. « Quand on réfléchit, dit l’auteur de l’Indifférence, à ce qu’était alors la société païenne, à l’esprit d’incrédulité et à toutes les erreurs introduites par une philosophie qui avait érigé en système l’impiété, le doute et le vice même, et qu’à ce désordre de l’intelligence, à cette profonde corruption du cœur, on voit succéder tout à coup une foi docile et simple, les mœurs les plus sévères, les plus pures vertus, on conçoit clairement que cette étonnante régénération de la nature humaine n’a pu être l’ouvrage de l’homme, puisque tous les efforts de sa raison dans les siècles les plus éclairés, toute sa science, ses découvertes, ses arts, ses institutions, ses lois, n’avaient servi qu’à le plonger dans une dépravation sans exemple. Il a fallu qu’il fût tout ensemble aidé et instruit surnaturellement, pour sortir de cet abîme de désolation et de misère. Et afin qu’il ne pût, en aucun sens, s’attribuer son propre salut, Dieu voulait que ses apôtres, les instruments de sa miséricorde, dénués de tout ce qui contribue au succès des desseins de l’homme, fussent par là même les ministres d’une puissance au-dessus de l’homme. »

C’est sous Néron, fils d’Agrippine et seconde femme de Claude, qui, pour lui plaire, déshérita son fils Britannicus, que commencèrent les premières persécutions des Chrétiens. Agrippine avait empoisonné Claude, pour faire régner son fils, et elle fut tuée par les ordres de ce fils à qui elle avait tout sacrifié. Néron monta sur le trône à l’âge de dix-sept ans.