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DIALOGUE DE SAINT JUSTIN AVEC LE JUIF TRYPHON.


Je me promenais un matin dans les galeries du Xiste, lorsqu’un homme vint à moi avec les personnes qui l’accompagnaient et me dit en m’abordant : « Salut, philosophe ! » et après ces mots, il se mit à marcher à mes côtés. Ses amis en firent autant. Je le saluai à mon tour, et lui demandai ce qu’il me voulait.

— Lorsque j’étais à Argos, me dit-il, j’appris d’un corinthien, disciple de Socrate, qu’il ne fallait pas dédaigner ou mépriser ceux qui portent votre habit, mais leur témoigner toute sorte d’égards, se lier avec eux et par l’échange des idées s’éclairer mutuellement ; on s’en trouve bien de part et d’autre, quand les services sont ainsi réciproques ; aussi toutes les fois que je rencontre un homme avec l’habit de philosophe, je me plais à l’aborder : voilà pourquoi je me suis empressé de vous adresser la parole. Les personnes qui se trouvaient avec moi m’ont suivi, dans l’espoir de profiter aussi de votre entretien.

— Et qui êtes-vous donc, ô le plus grand des mortels ? lui dis-je en riant.