Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ô Tryphon ! Vous blasphémez ici ce que vous ignorez. Vous croyez sur parole vos docteurs qui n’entendent pas les Écritures, et trompé par leurs fausses interprétations, vous dites au hasard tout ce qui vous vient à l’esprit. Si vous le voulez, je vous montrerai que ce n’est pas nous qui sommes dans l’erreur. Vous comprendrez que rien n’est capable de nous empêcher de confesser le Christ ; non, quand le tyran le plus farouche nous le défendrait, quand nous aurions à redouter tous les genres d’outrage. Je vous ferai voir que notre foi repose, non sur de vaines fables, sur des discours dépourvus de raison, mais sur une parole toute divine, pleine de force, riche de grâce.

Les compagnons de Tryphon recommencèrent leurs éclats de rire et poussèrent des cris indécents. Alors je me levai pour m’en aller. Mais Tryphon m’arrêta en me retenant par mon manteau, et me dit qu’il ne me laisserait point sortir que je n’eusse acquitté ma promesse.

— Que vos compagnons cessent donc leur bruit, lui répondis-je, et se comportent autrement : s’ils veulent nous entendre, qu’ils se taisent ; ou si quelque objet plus intéressant les appelle autre part, qu’ils nous laissent. Pour nous, mettons-nous un peu à l’écart et poursuivons en repos notre discussion.

Tryphon accepte la proposition, et nous fûmes d’avis de nous retirer au milieu du stade qui se trouvait dans le Xiste. Deux de ses compagnons se moquèrent de nous et, après quelques plaisanteries sur le zèle qui nous enflammait, ils s’en allèrent. Quand nous fûmes arrivés dans l’endroit où se trouvent deux rangs de siéges en pierre, les amis de Tryphon qui s’étaient assis d’un côté s’entretinrent quelques instants de la dernière guerre de Judée, sur laquelle l’un d’eux avait amené la conversation.

X. Lorsqu’ils eurent fini, je pris la parole en ces termes :

— Mes amis, que nous reprochez-vous ? Est-ce de ne pas vivre selon la loi, de ne pas nous soumettre à la circoncision, ainsi que le faisaient vos pères ; de ne point observer comme vous le jour du sabbat ? ou bien croyez-vous les odieuses calomnies ré-