explorateur de toutes les doctrines ; il les suivait toutes avec attention, malgré l’éloignement où le tenait son diocèse. Il joignait à ces qualités une grande modération dans ses jugements ; nous en citerons pour preuve sa lettre au pape Victor, où il blâme vivement un zèle trop ardent pour une coutume que pourtant il révère lui-même. Son grand ouvrage tout entier le fait connaître comme un homme aussi sage qu’instruit ; ce n’est point pour briller qu’il l’a écrit ; rien n’y décèle la passion, et tout y inspire la confiance.
« Le livre du savant Théophile d’Antioche contre Marcion est perdu, et il ne nous reste qu’un fragment léger de celui de Rhodon contre le même docteur ; mais saint Clément d’Alexandrie, plus instruit qu’eux, nous dédommage en quelque sorte de toutes ces pertes, et l’intervalle qui le sépare de saint Irénée est peu considérable[1]. Né dans le paganisme, soit en Grèce, soit en Égypte, saint Clément fit ses premières études à Athènes, voyagea plus tard en Asie, et finit par s’établir dans Alexandrie, le centre de toutes les connaissances du monde civilisé. Bientôt, porté à la place de saint Pantène, comme chef de l’école d’érudition que les Chrétiens avaient fondée dans Alexandrie, pour qu’elle leur fournît des hommes capables de lutter à la fois contre les philosophes et les hérétiques, il se trouvait dans l’obligation de suivre toutes les doctrines de son temps. En présence de ces philosophes qui ressuscitaient les
- ↑ Nous publierons saint Clément d’Alexandrie après saint Irénée. Il formera le quatrième volume des Pères.