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SAINT IRÉNÉE.

venu, l’homme juste déjà ne sera plus sujet à la mort. « Quand l’Écriture dit que tout lui est assujetti, il est indubitable qu’il faut en exempter celui qui lui a assujetti toutes choses. Lors donc que toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à celui qui lui aura assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tout. »

Ainsi, il est certain que saint Jean a prédit clairement la première résurrection des justes, et leur règne futur sur la terre ; et ses prophéties sont entièrement concordantes avec celles des prophètes sur le même sujet. Notre Seigneur lui-même nous a annoncé ces choses, quand il a promis à ses disciples qu’il boirait avec eux du vin de la vigne dans ce nouveau séjour. L’apôtre saint Paul a eu en vue la même vérité, lorsqu’il a parlé de l’espérance que nous avons d’être affranchis de l’asservissement à la corruption, pour participer à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. Et dans toutes ces promesses se montre toujours le même Dieu, toujours immuable dans ses volontés et dans ses desseins, qui a formé l’homme de ses mains, qui lui a promis, dans la personne de ses pères, l’héritage de la terre, qui l’affranchira de la mort par la résurrection des justes, et confirmera toutes ses promesses, lorsque viendra le règne de son Verbe ; enfin, qui donnera à sa créature, dans sa bonté infinie, de voir des choses que l’œil n’a point vu, d’entendre ce qu’aucune oreille n’a entendu, et de sentir ce que le cœur de l’homme n’a jamais éprouvé. De même qu’il n’y a qu’un seul fils de Dieu qui accomplit la volonté du Père, ainsi il n’y a qu’un seul genre humain, sur lequel s’accompliront les mystères de ce Dieu que les anges brûlent du désir de voir, et dont ils ne peuvent sonder la sagesse et les desseins. C’est dans les profondeurs de cette divine sagesse que se trouve caché le mystère de l’union du fils de Dieu à l’humanité, et de l’humanité au Verbe. Par cette union, la race de Dieu, c’est-à-dire son Verbe, son fils unique, se mêle à l’homme et s’y incorpore ; et, à son tour, l’homme s’unit au Verbe, et s’élevant, porté par lui, au-dessus des anges, sera fait enfin à l’image et à la ressemblance de Dieu.