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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

avec sévérité, mais il ne m’a pas livré à la mort. Car, pour vous enseigner la justice, dit Moïse, il vous a châtiés, il vous a éprouvés et il vous a affligés par la faim et la soif, dans le désert, afin de graver dans vos cœurs ses lois et ses cérémonies que je vous prescris aujourd’hui, et afin que vous pensiez en vous-mêmes que le Seigneur notre Dieu vous a châtiés, comme un père châtie son fils. » Pour ce qui est de la leçon que nous donne la punition d’autrui, l’Écriture dit aussitôt : « L’homme prudent, à l’aspect du châtiment infligé au pervers, est lui-même fortement châtié : car la crainte du Seigneur engendre la sagesse. » Le bien le plus grand et le plus parfait est de pouvoir détourner quelqu’un du vice, pour le mettre dans le sentier de la vertu et des bonnes œuvres ; ainsi fait la loi. Si donc quelqu’un est tombé dans un mal incurable, s’il est, par exemple, esclave de l’avarice et de l’iniquité, c’est un bienfait pour lui de recevoir la mort. Car elle est bienfaisante la loi qui, chez les uns, fait succéder la justice à l’injustice pourvu qu’ils soient dociles ; qui délivre les autres des maux présents, et conduit au port de l’immortalité tous ceux qui ont embrassé une vie réglée et tempérante. Comprendre la loi est le propre d’une intelligence droite ; et l’Écriture dit encore : « Les pervers ne comprennent pas la loi ; mais ceux qui cherchent le Seigneur la comprendront toute pour le bien. » Il faut donc que la Providence, qui gouverne le monde, soit à la fois souveraine et bonne, puisque sous ces deux titres, elle veille à l’œuvre de notre salut. Maîtresse, elle nous corrige par le châtiment ; bienfaisante, elle nous prête son appui. Mais il faut, cessant d’être fils de l’incrédulité, passer des ténèbres à la vie, et, prêtant l’oreille à la voix de la sagesse, devenir serviteur de Dieu par la crainte de la loi, puis serviteur fidèle par la crainte d’offenser le Seigneur. Celui qui s’élève par delà ce degré de vertu est mis au nombre des fils de Dieu. Puis, lorsque la multitude de ses péchés aura été couverte par la charité, riche de la consommation de son espérance, et rétabli enfin dans l’adoption de choix, dont les possesseurs sont nommés amis de Dieu, il sera digne d’être admis dans le royaume cé-