Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

et tel qu’il est. C’est pourquoi elle seule nous conduit, comme par la main, vers la véritable sagesse, divine faculté de connaître les choses réelles en tant que réelles, parfaite qu’elle est, et libre de toute passion. Mais cela ne peut advenir sans l’assistance du Sauveur, qui, en écartant par sa divine lumière les nuages de l’ignorance, qu’une vie perverse avait répandus sur les yeux de notre âme, les rend à leur primitive énergie, afin que nous puissions nettement distinguer s’il est Dieu ou homme. Cest lui qui nous montre, d’une manière positive, comment il faut connaître Dieu et nous-mêmes ; c’est lui qui révèle à qui bon lui semble, et, selon la mesure de l’intelligence humaine, le Père de toutes choses. Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils l’aura révélé. L’apôtre a donc eu raison de dire : « C’est par révélation que j’ai reçu la connaissance de ce mystère, ainsi que je viens de vous l’écrire en peu de mots, afin que vous puissiez voir, par la lecture que vous en ferez, quelle est l’intelligence que j’ai du mystère de Jésus-Christ. » Afin que vous puissiez, dit l’apôtre. Il savait que plusieurs n’avaient été nourris que de lait, et pas encore de viandes solides, que même le lait n’avait pas été leur simple aliment.

Il y a trois manières de comprendre l’Écriture ; ou elle représente quelque figure, ou elle établit quelque précepte de morale, ou elle prédit l’avenir. Je sais bien que l’intelligence de ces trois sens est le propre des hommes parfaits. Car l’Écriture, en ce qui touche son interprétation, n’est pas la ligne de Mycon, comme disent les gens à proverbes. Mais ceux qui veulent retirer des fruits de l’enseignement divin, ne doivent s’approcher de l’Écriture qu’après s’être fortifiés le plus possible dans la dialectique.