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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Puis, confondons-les et renversons l’échafaudage de leur doctrine. Ainsi, lorsque le Seigneur répond à Salomé qui lui demandait jusques à quand durerait la puissance de la mort ; « aussi longtemps, dit-il, que vous autres femmes vous enfanterez, » ce n’est pas que la vie et la créature soient chose mauvaise. Le Sauveur nous faisant toucher au doigt une conséquence naturelle, nous enseignait que la mort est la suite inévitable de la naissance. Que veut la loi ? nous éloigner des voluptés et de l’opprobre. La fin qu’elle se propose, c’est de nous amener de l’injustice à la justice, en nous prescrivant de pudiques mariages, l’honnête procréation des enfants, et une conduite pleine de sagesse. « Car, le Seigneur n’est pas venu « détruire la loi, mais l’accomplir. » L’accomplir ! non pas qu’il lui manquât quelque chose, mais parce que les prophéties de la loi ont reçu leur accomplissement par l’avènement de Jésus-Christ. En effet, c’était le Verbe qui prêchait la pureté et la sagesse à ceux même qui vécurent dans la justice avant la loi. La plupart des hommes, ne connaissant donc pas la continence, vivent de la vie du corps et non de la vie de l’esprit. Mais sans l’esprit, qu’est-ce que le corps ? rien que terre et que cendre. Il y a plus ; le Seigneur déclare adultère la pensée elle-même. Car enfin, ne vous est-il pas permis d’user du mariage avec tempérance, sans chercher à séparer ce que Dieu a joint ? Voilà ce qu’enseignent ceux qui brisent les liens du mariage, donnant par là aux gentils l’occasion de blasphémer le nom Chrétien. Mais, puisque la copulation charnelle est chose infâme, à leur avis, nés qu’ils sont de la copulation charnelle, comment ne seraient-ils pas eux-mêmes des infâmes ? Il me semble, au contraire, que pour ceux qui ont été sanctifiés, le germe d’où ils sont sortis est saint. Chez les Chrétiens, en effet, non-seulement l’esprit, mais les mœurs, la vie et le corps doivent être sanctifiés. Pour quelle raison l’apôtre Paul dirait-il « que la femme est sanctifiée par le mari et le mari par la femme ? » Que signifierait encore la réponse du Seigneur à ceux qui, l’interrogeant sur le divorce, lui demandaient « est-il permis de ren-