Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

faute, ce qui est rare, il ne pourra point imputer ce qu’il souffre à la malice et à la perversité des puissances ; il souffrira comme souffre l’enfant qui paraît n’avoir pas péché. » Basilide ajoute un peu plus bas : « De même donc que l’enfant qui n’a pas péché auparavant, ou du moins qui n’a commis par lui-même aucune faute, par cela même qu’il porte en lui le germe du péché, gagne à être livré à la souffrance, quoique la souffrance lui fasse sentir ses durs aiguillons ; de même, s’il se rencontre un homme parfait qui souffre ou qui ait souffert, sans avoir jamais prévariqué par lui-même, ses souffrances partiront du même principe et auront le même caractère que celles de l’enfant. Il a en lui-même la faculté qui pèche ; il n’a point failli, l’occasion seule lui a manqué. Il ne faut donc point lui tenir compte de son apparente innocence. Pourquoi cela ? Tout homme qui a la volonté de commettre un adultère, est adultère, bien qu’il n’ait pas consommé l’adultère ; tout homme qui a la volonté de commettre un meurtre, est meurtrier, bien qu’il n’ait pas consommé le meurtre ; il en va de même de ce prétendu juste qui n’a pas péché. Du moment que je le vois souffrir, ne fût-il coupable d’aucun méfait, je le déclare méchant, par cela seul qu’il avait en lui la volonté de pécher. En effet, on me fera dire tout au monde, avant de me contraindre à taxer de cruauté la Providence. » Plus bas encore, Basilide parle ouvertement du Seigneur comme d’un homme : « Si, laissant de côté tout ce qui précède, vous essayez de me confondre, en vous appuyant de certains noms ; si vous me dites, par exemple : un tel a souffert, donc un tel a péché ; je vous répondrai, avec votre permission : il n’a pas péché, mais il était semblable à l’enfant qui souffre. Que si vous me pressez plus vivement encore, j’ajouterai : citez-moi l’homme que vous voudrez, il est homme, et Dieu est juste ; car nul, ainsi qu’il a été dit, ne sortit pur d’une source impure. »

Basilide s’étaye de ce principe, que les âmes ayant péché dans une vie antérieure reçoivent ici-bas le châtiment de leurs péchés ; l’âme de l’élu est punie par la gloire du martyre ; celle