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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

à exprimer par les lettres de l’alphabet le sens propre des mots ; on les nomme Kyriologiques ; les autres sont appelées Symboliques[1]. La méthode Symbolique se subdivise en trois espèces : l’une représente les objets au propre par imitation ; l’autre les exprime d’une manière figurée ; la troisième se sert entièrement d’allégories exprimées par certaines énigmes. Ainsi, dans l’espèce kyriologique les Égyptiens veulent-ils écrire le soleil, ils font un cercle ; la lune, ils tracent la figure d’un croissant ? Dans la méthode figurée, changeant et détournant les objets par une d’analogie, ils les représentent soit en modifiant leur image, soit en lui faisant subir divers genres de transformation. C’est ainsi qu’ils emploient les anaglyphes, ou bas-reliefs, quand ils veulent transmettre les louanges de leurs rois sous forme de mythes religieux. Voici un exemple de la troisième espèce qui met en usage les allusions énigmatiques. Les Égyptiens figurent les autres astres par le corps d’un serpent à cause de l’obliquité de leur marche ; mais ils représentent le soleil sous la forme d’un scarabée, parce que cet insecte, après avoir pétri en masse circulaire la fiente du bœuf, la roule sur lui-même par un mouvement rétrograde. Ils croient qu’il passe six mois sous la terre et qu’il vit sur la surface du sol le reste de l’année. Ils ajoutent qu’il injecte dans le sphéroïde formé par lui un germe spermatique, qu’il se reproduit par cette voie, et qu’il ne naît aucun scarabée femelle.

Pour le dire en un mot, tous ceux qui ont traité des mystères divins, qu’ils soient Grecs, ou qu’ils soient Barbares, ont pris soin de dérober aux yeux du vulgaire les vrais principes des choses. Ils n’ont transmis la vérité à la multitude qu’enveloppée d’énigmes, de symboles, d’allégories, de métaphores et de mille autres figures analogues. Tels furent les oracles chez les Grecs. De là vient qu’Apollon Pythien est surnommé Loxias, c’est-à-

  1. La traduction qui suit appartient à M. Letronne. Qu’il daigne recevoir ici l’expression de notre reconnaissance pour les conseils qu’il nous a donnés dans l’interprétation de quelques autres passages fort obscurs.