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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

trine est appelée illumination, parce qu’elle manifeste les mystères cachés, le maître n’ayant entrouvert que le couvercle de l’arche, bien différent de ce Jupiter que la fable nous représente fermant le tonneau d’où coulent les biens et ouvrant celui qui contient les maux. « Je ne doute pas que, venant chez vous, la plénitude de la bénédiction ne m’accompagne, » dit l’apôtre. La grâce spirituelle, et la doctrine de la connaissance qu’il brûle de communiquer de vive voix et face à face aux Romains, car il lui était impossible de le faire par lettres, il les appelle l’une et l’autre la plénitude du Christ, « parce que toutes deux contiennent la révélation du mystère qui, après être demeuré secret dans tous les siècles passés, a été découvert maintenant par les oracles des prophètes, et a été connu de tous les Gentils, selon l’ordre du Dieu éternel, pour qu’ils obéissent à la foi ; » de tous les Gentils, c’est-à-dire de ceux qui croient en Dieu. Or, le sens du mystère n’est révélé qu’à un petit nombre de Gentils. Les recommandations de Platon sont donc pleines de sagesse, lorsque traitant de la divinité il dit dans ses lettres : « Sers-toi de formules énigmatiques afin que si tes tablettes viennent à s’égarer sur terre ou sur mer, celui qui les lira ne puisse les comprendre. » En effet, comment définir, avec le secours de l’écriture, le Dieu de l’univers, le Dieu supérieur à toute expression, à toute pensée, à toute intelligence, puisque la parole est impuissante à exprimer l’immensité de la puissance ? C’est l’idée qui frappait Platon dans les mots suivants : « Prends garde que tu n’aies à te repentir un jour d’avoir laissé tes tablettes tomber entre des mains indignes. Le meilleur moyen de prévenir ce malheur, c’est de ne rien écrire, mais de confier tout à sa mémoire ; car il est impossible, oui, il est impossible que les choses écrites ne passent pas entre des mains étrangères. » Le saint apôtre Paul, qui demeure fidèle au symbolisme des prophètes et des anciens jours où la Grèce a puisé ses dogmes les plus beaux, va presque parler le langage de Platon : « Nous prêchons néanmoins la sagesse aux parfaits, dit-il, non pas la sagesse de ce monde, ni des princes de ce monde qui passent ;