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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tration elle-même est inhabile à le découvrir, puisqu’elle repose sur des principes antérieurs et des notions premières. Or, rien n’a existé avant l’Être incréé. Il ne nous reste donc, pour nous faire comprendre le Dieu inconnu, que sa grâce et son Verbe, ainsi que Luc nous le montre dans les Actes des Apôtres, quand il met ces mots dans la bouche de Paul : « Athéniens, il me semble qu’en toutes choses vous êtes très-religieux. Car, en passant et en voyant les statues de vos Dieux, j’ai trouvé même un autel où il est écrit : Au dieu inconnu. Ce Dieu donc, que vous adorez sans le connaître, est celui que je vous annonce. »

CHAPITRE XIII.
Selon les philosophes, la connaissance de Dieu est un don divin, et il faut en demander la participation à ceux qui ont été juges dignes de recevoir l’inspiration divine.

Ainsi, tout ce qui peut se nommer, qu’on le veuille ou non, a été engendré. Soit donc que le Père lui-même attire à lui quiconque a vécu sans tache et s’est élevé jusqu’à la notion de la nature bienheureuse et incorruptible ; soit que le libre arbitre, que nous portons en nous-mêmes, parvenu à la connaissance du souverain bien, s’élance et franchisse le fossé, selon le langage de la gymnastique, ce n’est jamais néanmoins sans le secours d’une grâce particulière que l’âme reçoit des ailes, dépose la lourde enveloppe du corps pour le rendre à la poussière, sa sœur, et prend son vol par de-là les régions supérieures. Platon aussi déclare dans le Ménon que la vertu est un don de Dieu, comme l’attestent ses paroles : « Il paraît donc d’après ce raisonnement, ô Ménon, que la vertu vient par une influence divine à ceux qui la possèdent. » Je le demande, cette influence divine dans la bouche de Platon, ne semble-t-elle pas désigner ici la lumière et la connaissance qui sont le patrimoine de tous ? Le philosophe est plus explicite encore : « Si dans le cours de cette discussion nous avons examiné et traité la chose, comme nous le de-