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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE IV.
Une grande partie des doctrines qui composent la philosophie grecque vient des Égyptiens et des Gymnosophistes de l’Inde, célèbres les uns et les autres par leur sagesse.

Nous avons sous la main un autre témoignage qui prouve que les Grecs, après nous avoir dérobé leurs dogmes les plus respectables, se les sont attribués comme une invention qui leur fut particulière ; c’est qu’ils ont pillé de même les autres nations barbares[1]. À chacune de leurs sectes, ils ont enlevé leurs doctrines les plus excellentes, et ils s’en sont glorifiés comme d’un bien qui serait leur propriété. Ils ont surtout pillé les Égyptiens ; et parmi ces larcins, la métempsychose est un des plus importants. Les Égyptiens, en effet, ont un corps de doctrine qui est à eux. Je n’en veux d’autres preuves que leurs cérémonies sacrées. Le chanteur y marche le premier, portant quelqu’un des symboles de la musique. Il doit savoir par cœur deux des livres d’Hermès ; le premier renferme les hymnes en l’honneur des dieux, le second la règle de conduite que doivent suivre les rois. Après le chanteur, vient l’horoscope[2] ; il tient à la main un klepsydre et une branche de palmier, symboles de l’astrologie. Il doit toujours avoir à la bouche les quatre livres d’Hermès, relatifs à l’astrologie. Le premier traite de l’ordre des étoiles fixes et visibles ; le second, des conjonctions, et de la lumière du soleil ainsi que de la lune ; les deux autres, du lever des astres. Au troisième rang marche le scribe sacré. Il a des ailes à la tête ; ses mains portent un livre et une règle dans laquelle sont le noir graphique et le roseau qui sert à écrire. Il est tenu de savoir le système des hiéroglyphes, la cosmographie, la géographie, l’ordre dans lequel se meuvent le

  1. Il faut se rappeler ici, comme dans beaucoup de passages précédents, que barbare signifie proprement étranger. C’est encore le sens de ce mot en sanskrit.
  2. Orizô, borner ; scopeô, examiner.