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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tre Dieu pleinement, du moment qu’elle les reconnaîtra dans la sincérité du repentir, ils lui seront pardonnés. « Car, voici que j’ai placé devant vous la vie et la mort, s’écrie le Seigneur, afin que vous choisissiez la vie. » Vous l’entendez : Dieu dit non pas qu’il a créé, mais qu’il « a placé la vie et la mort, » devant les hommes afin que chacun d’eux les compare et choisisse. Il s’explique ainsi ailleurs : « Si tu le veux, si tu écoutes ma voix, tu jouiras des fruits de la terre ; mais si tu ne veux pas m’entendre, le glaive te dévorera, car le Seigneur a parlé. » Écoutons aussi David, ou plutôt le Seigneur, sous la dénomination du saint. Or, le saint est un dès le commencement du monde ; c’est tout homme qui a été ou qui sera sauvé par la foi dans la durée des siècles. Le Seigneur dit donc : « Mon cœur s’est réjoui et ma bouche a célébré sa joie. » Et ailleurs : « Ma chair reposera dans l’espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et que vous ne permettrez point que votre saint éprouve la corruption. Vous m’avez fait connaître les voies de la vie, et vous me remplirez de la joie que donne votre face. »

Ainsi donc, à l’exemple du peuple cher au Seigneur, le peuple saint se compose non-seulement des Juifs, mais de tous les Gentils qui se convertissent, et auxquels les prophètes donnent le nom de prosélytes. L’Écriture a donc raison de dire que le bœuf et l’ourse habiteront ensemble. Le Juif est ici désigné allégoriquement par le bœuf, animal qui porte le joug et que la loi a déclaré pur, parce qu’il rumine et que la corne de son pied est fendue. L’ourse, animal immonde et sauvage, est le symbole du Gentil. Or, l’ourse met bas une masse de chair informe à laquelle, par l’unique secours de sa langue, elle imprime le caractère et la ressemblance de son espèce. Ne voyez-vous pas aussi le Verbe façonner le païen qui se convertit, et l’arracher à sa vie sauvage, jusqu’à ce que cette rude nature, enfin apprivoisée, devienne pure comme le bœuf ? Tel est encore le sens de cet oracle prophétique : « Les sirènes me glorifieront, ainsi que les fils des passereaux et tous les animaux du désert. » Les animaux du désert, c’est-à-dire, du monde, sont réputés im-