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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qui prêche la vérité, il serait défendu de transmettre d’utiles doctrines à la postérité ! Il est beau, je crois, de laisser après nous des enfants vertueux. Or, les enfants sont les fruits du corps, et les écrits les fruits de l’âme. Ne donnons-nous pas le nom de pères à nos catéchistes ? La sagesse aime les hommes et se communique volontiers. C’est pourquoi Salomon dit : « Mon fils, si tu reçois mes paroles, si tu renfermes mes préceptes en toi, ton oreille s’ouvrira pour recevoir la sagesse. » Il nous montre ainsi que la parole qu’on répand est renfermée dans l’âme du disciple, comme dans un champ, et que ce sont là des semences toutes spirituelles. Il ajoute ensuite : « Et tu tourneras ton cœur vers la prudence, et tu emploieras ta prudence à donner à ton fils les avertissements nécessaires. » L’union de l’âme avec l’âme, et celle de l’esprit avec l’esprit, font croître et vivifient, par la semence de la parole, ce qui est en nous comme dans une terre féconde. Or, tout disciple est le fils de son maître, quand il défère à ses paroles : « Mon fils, dit Salomon, n’oublie pas mes enseignements. » Comme tous les esprits ne sont pas propres à la connaissance des choses, les écrits sont pour la plupart ce qu’une lyre est pour l’âne, s’il m’est permis de me servir de cette comparaison. Le pourceau préfère la fange à l’eau pure. « Aussi, dit le Seigneur, je leur parlerai en paraboles, parce qu’en voyant, ils ne voient pas, et en écoutant, ils n’entendent ni ne comprennent pas. » Ce n’est pas que Dieu les condamne à l’ignorance ; une telle pensée serait un crime ; mais il nous révèle par là l’ignorance qui est en eux, et il déclare d’avance qu’ils ne comprendront pas ses paroles. Nous voyons le Sauveur lui-même, après avoir donné des talents aux serviteurs, en les proportionnant à leurs facultés et leur recommandant de les faire valoir ; nous le voyons, dis-je, à son retour, entrer en compte avec eux, approuver ceux qui avaient augmenté le talent qu’ils avaient reçu, et qui s’étaient montrés fidèles en peu de chose, leur promettre de les établir sur beaucoup, et leur dire d’entrer dans la joie du Seigneur ; puis, s’adresser en ces termes au serviteur qui avait enfoui l’argent qu’on lui avait confié pour le