Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
628
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

se conduit avec une inviolable loyauté. Telle est, pour le dire sommairement, la piété du Chrétien. Si chacun de ses actes est conforme au devoir et réglé par la droite raison, sa conduite est pieuse et juste. Mais s’il en va ainsi, le Gnostique sera donc lui seul pieux, juste, et religieux adorateur de Dieu. Conséquemment le Chrétien n’est point un athée, proposition que nous avions dessein de démontrer aux philosophes. Il résulte de sa conduite qu’il ne fait jamais rien de méchant et de honteux, ce qui serait contraire à la justice. Enfin, pour dernière conclusion, il n’est point un impie. Seul sur la terre, il rend au Dieu véritable et tout-puissant, au roi, au monarque universel, un culte de respect et de piété, conforme à ce que la religion véritable demande de lui.

CHAPITRE X.
Degrés par lesquels le véritable Gnostique s’élève à la perfection.

La connaissance, si je pouvais m’exprimer ainsi, est la perfection de l’homme en tant qu’homme, complétée par la science des choses divines, où tout se correspond dans une sorte d’harmonie, mœurs, conduite, paroles, et enfin d’accord avec elle même et avec le Verbe divin. Elle est, à vrai dire, la consommation de la foi, puisque, par elle, le fidèle qui croit arrive à la perfection. La foi conséquemment est un bien intérieur qui, sans chercher Dieu par la voie de l’examen, le proclame et le glorifie comme réellement existant. De là, pour le Chrétien, engendré par elle et développé dans son sein, nécessité impérieuse de travailler avec le secours divin, à connaître Dieu dans la mesure et la proportion de ses forces. La connaissance diffère, à notre avis, de la sagesse que l’on acquiert par les enseignements de la doctrine. Ce qu’est la connaissance, la sagesse l’est aussi à quelques égards ; mais ce qu’est la sagesse, la connaissance ne l’est pas absolument. On applique le nom de sagesse plus spécialement à la connaissance que nous transmet un maître. Mais croire à Dieu d’une foi non équivoque et inébranlable, est le fondement de la connaissance. Or, le Christ