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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lesquelles nous nous élevons graduellement au bien. De là vient qu’elle conduit aisément l’âme à cette essence divine et sainte avec laquelle nous avons quelque parenté, et fait passer l’homme par les progrès mystiques de sa lumière, jusqu’à ce que, dégagé de la moindre souillure, elle le rétablisse dans la demeure suprême du repos, en lui apprenant à contempler Dieu face à face par la science et la compréhension. Telle est, en effet, la perfection de l’âme arrivée à la connaissance. Libre de toute purification, affranchie de ses différents ministères, elle habite avec le Seigneur aux lieux où elle règne sous son patronage. La foi, si je puis ainsi m’exprimer, est donc une connaissance abrégée des vérités nécessaires. Mais la connaissance est la démonstration invincible et permanente des vérités adoptées par la foi, démonstration qui, bâtie sur l’édifice de la foi, par l’enseignement de notre Seigneur, conduit l’entendement à la science, à la compréhension parfaite, à l’infaillibilité. La première de ces salutaires révolutions, c’est, à mon jugement, le passage du paganisme à la foi, comme je l’ai dit plus haut. La seconde est le passage de la foi à la connaissance. Cette dernière, aboutissant à la charité, unit l’être qui aime à l’être aimé, ce qui connaît à ce qui est connu. Il me semble que l’homme qui en est arrivé là, s’est établi d’avance dans la possession de la nature angélique. A-t-il atteint le degré de perfection que comporte la chair qui le retient encore ici-bas ? ses diverses révolutions du bien à un bien plus élevé se sont-elles accomplies dans l’ordre et la mesure qui convenaient ? il se hâte de remonter au palais paternel, de regagner à travers le saint septénaire[1] le séjour du Seigneur pour y être, en quelque façon, une lumière permanente, vivant d’une vie particulière, immuable à tout égard. C’est là le premier mode de l’opération du Seigneur, témoignage de rémunération et salaire de la piété, comme nous l’avons déjà

  1. Le septénaire ou le nombre sept désigne, dans saint Clément d’Alexandrie, le séjour inférieur des bienheureux. L’octonaire, ou le nombre huit, représente le ciel le plus élevé, qu’il appelle la demeure du Seigneur.