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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qu’après avoir puisé la démonstration aux sources des livres sacrés. Sans doute le jugement est commun à tous ; il en est de cette faculté comme des sens. Toutefois le discernement est plus aiguisé dans ceux qui se sont appliqués à cet exercice : leur esprit, dirigé par des méthodes, démêle plus aisément la vérité d’avec le mensonge. Mais le point décisif, dans cette matière, c’est de se dépouiller de sa propre opinion pour s’arrêter dans un juste tempérament entre la science ardente à tout scruter, et une sagesse aveugle et téméraire. Il suffit de savoir ce que n’ignore pas quiconque attend le repos éternel, c’est-à-dire, que l’entrée en est étroite et laborieuse. Mais vous, sur qui est tombée la prédication de l’Évangile, n’allez point à l’heure où a brillé pour vous la lumière du salut, « regarder en arrière comme la femme de Loth, » ni retourner aux premiers errements de cette vie, qui ne s’occupait que des choses sensibles ; encore moins retomber dans l’hérésie, qui, étrangère à la connaissance du Dieu véritable, n’oublie rien pour gagner des disciples. En effet, « quiconque aime son père et sa mère plus que moi, » qui suis le père véritable, le maître de la vérité ; qui renouvelle, régénère, et nourris de mon lait l’âme que j’ai honorée de l’élection, « n’est pas digne de moi, » c’est-à-dire, ne peut devenir le fils de Dieu, le disciple de Dieu, son ami et son frère. Encore un coup, « celui qui, après avoir mis la main à la charrue regarde en arrière, n’est pas propre au « royaume de Dieu. » Suivant une opinion accréditée jusqu’à ce jour[1], Marie, par la naissance de son fils, est devenue mère sans subir les conséquences de la maternité. Car quelques-uns veulent qu’ayant été examinée par la sage-femme après l’enfantement, elle ait été trouvée vierge. Je lui comparerais volontiers les Écritures du Seigneur. Mères de la vérité, elles l’enfantent en demeurant vierges par le secret qu’elles gardent sur les mystères de la vérité. « Elle a enfanté et n’a point enfan-

  1. Le troisième canon du concile de Latran, sous Martin Ier, déclare que la bienheureuse vierge Marie a enfanté sans subir aucune altération. Incorruptibiliter enixa est.