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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« Ai-je réussi en quelque point ? C’est ce que bientôt, si Dieu le veut, nous saurons clairement, après être arrivés au terme. » Socrate ne vous semble-t-il pas, là, manifester d’une manière conforme à l’esprit des écritures hébraïques, l’espérance que la foi donne au juste, et qui doit s’accomplir après la mort ? il dit encore dans le Démodocus, si toutefois cet ouvrage est de Platon : « Ne croyez pas que je donne le nom de philosophe à qui passe sa vie dans l’étude des arts ou possède un grand savoir. C’est un tout autre nom que je lui donne ; car je regarde ses occupations stériles comme une sorte de honte. » Socrate savait sans doute que, selon Héraclite, posséder une grande science ne sert à rien. On trouve encore ce fragment de dialogue dans le cinquième livre de la République : « Tous ces hommes donc, et les autres qui désirent se livrer à de pareilles études, et ceux qui s’appliquent aux arts, but misérable, les appellerons-nous philosophes ? Nullement, répondis-je. Nous dirons qu’ils sont semblables aux philosophes. « Mais, reprit-il, quels sont les philosophes que vous nommerez véritables ? Les contemplateurs de la vérité, répartis-je. » Car la philosophie n’est pas dans la géométrie, puisque le domaine de cette dernière se compose d’hypothèses. La philosophie n’est pas davantage dans la musique, art conjectural ; ni dans l’astronomie, science pleine de démonstrations qui ne s’appuient que sur des objets physiques et passagers, et que sur des probabilités. Il faut à la philosophie la science du bien lui-même et de la vérité. Car autre chose est le bien lui-même ; autres choses sont les routes qui y mènent. C’est pourquoi Socrate ne veut pas non plus que ce qu’on nomme le Cercle des études suffise pour atteindre à la connaissance du bien ; mais, selon lui, le seul fruit qu’on en tire, est un excitant pour l’esprit, et un exercice qui habitue l’âme à comprendre les choses qui ne sont perceptibles qu’à l’intelligence. Soit donc que les Grecs aient professé par hasard quelque maxime de la véritable philosophie ; le hasard est un des actes de l’administration divine ; (car pour écarter le débat qui nous sépare des épicuriens, on ne fera pas du hasard un dieu).