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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

mande, avec des opinions erronées, pourrez-vous accomplir le bien, même en vous supposant assez d’énergie pour exécuter le dessein que tous avez conçu ? D’autre part, que la sagacité de votre esprit discerne le devoir, vivrez-vous exempt de tout reproche, si l’indolence de votre caractère ne sait pas mettre la main à l’œuvre ? Double infirmité de l’âme, qui se guérit conséquemment par deux enseignements divers ! L’ignorance est combattue par la Gnose et par l’évidente démonstration qui repose sur le témoignage des Écritures. La fragilité a pour remède cette lutte généreuse, avouée par le Verbe, et qui s’enseigne à l’école de la crainte et de la foi. L’une et l’autre se consomment par des accroissements successifs dans la perfection de la charité. Une double fin, si je ne me trompe, est ici proposée au Gnostique : dans quelques points il contemple d’après l’intuition de la science ; dans d’autres, sa vie est toute d’action. Puissent, nous le souhaitons, les hérétiques nommés ci-dessus, revenir de leurs égarements à la lecture de nos commentaires, et se convertir au Dieu tout-puissant ! Mais si, pareils à des serpents sans oreilles, expression qui, pour être nouvelle, n’en est pas moins très-ancienne, ils n’écoutent pas le cantique du salut, ils seront infailliblement châtiés par Dieu, et subiront ces admonitions paternelles qui précèdent le jugement, jusqu’à ce qu’ils rougissent de leurs prévarications et les pleurent dans les larmes du repentir. Mais, de grâce, qu’ils ne se jettent point, par une monstrueuse indocilité, dans les conséquences et la consommation du jugement ! Il est certaines disciplines partielles auxquelles nous donnons le nom de régime correctif. Telles sont les épreuves que subissent quelques-uns de nos frères quand ils sont tombés dans la prévarication, membres déchus de la nation chère au Seigneur. Mais la Providence nous châtie comme un maître ou comme un père châtie des enfants. Dieu ne punit pas : la punition, c’est la représaille de l’injure : il châtie en général comme en particulier, pour l’utilité de ceux qu’il éprouve.

Ces réflexions m’ont été suggérées en partie afin d’empêcher ceux qui ont du goût pour l’instruction de se jeter par orgueil