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XV
DU TROISIÈME SIÈCLE.

C’est sous ces voûtes souterraines qu’après la récitation de l’Oraison dominicale, lorsque l’évêque disait : « La paix soit avec vous, » les chrétiens se donnaient le baiser mutuel. C’était par conséquent après ces mots : « Pardonnez comme je pardonne. » Les fidèles, prosternés en présence de l’autel, se levaient en ce moment et se tournaient les uns vers les autres pour répéter ces mots : « La paix soit avec vous. » Tous les Chrétiens s’aimaient réciproquement et rendaient les plus grands services à leurs persécuteurs. Pendant la grande peste d’Alexandrie, qui dura dix ans, on vit éclater toute leur charité. Au commencement de toutes leurs actions, les Chrétiens faisaient le signe de la croix. Ils commençaient leurs prières par le Pater, et célébraient tous les ans la fête des martyrs. Pendant le Carême ils jeûnaient jusqu’au soir. Leur mort était digne de leur vie, et le courage des victimes suffisait pour lasser la férocité des bourreaux. Que la Rome souterraine méritait bien d’apparaître à la clarté du jour, et la Rome païenne de disparaître à jamais de tous les regards !

Pendant la persécution de Sévère, qui commença en Égypte et s’étendit aux autres provinces, il y eut un grand nombre de martyrs à Alexandrie. Nous avons déjà parlé de Léonide, père d’Origène, qui répandit un des premiers son sang pour la foi. En Afrique, la persécution fut violente, et commença la première année du troisième siècle. Douze Chrétiens furent présentés au proconsul Saturnin. Spérat était le principal : « Nous n’avons fait aucun mal, dit-il, on ne peut nous convaincre d’injustice. Bien loin d’avoir fait tort à personne, nous avons souffert les mauvais traitements sans nous plaindre, nous contentant de rendre grâces à Dieu. Nous avons prié pour ceux qui nous persécutent injustement, en quoi nous obéissons à Jésus-Christ, qui nous en a fait un précepte. Je suis Chrétien, ainsi que tous ceux qui sont avec moi, et nous n’abandonnerons pas la foi de notre Seigneur Jésus-Christ ; faites ce qu’il vous plaira. » — « Ne suivez pas la folie de ce furieux, dit le proconsul aux autres, mais plutôt craignez notre prince et confessez ses ordres. » Tous confessèrent qu’ils étaient Chrétiens, et qu’ils mourraient avec joie pour Jésus-Christ. Ils furent tous conduits au supplice. Sainte