Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/462

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seau de la source qui l’alimente, il tarit aussitôt. Il en va de même de l’Église du Seigneur. Soleil universel, elle épanche ses rayons jusqu’aux extrémités du monde ; mais c’est toujours une seule lumière qu’elle envoie, sans que l’unité du corps soit divisée. Arbre majestueux, elle étend l’immensité de ses rameaux sur toute la terre ; vaste fleuve, elle arrose toutes les contrées par la richesse de ses eaux. Mais partout un même principe, partout une même origine, partout une même mère, riche des trésors de sa fécondité. C’est son sein qui nous a portés, c’est son lait qui nous a nourris ; c’est son esprit qui nous anime. L’épouse du Christ repousse toute alliance adultère, sa pudeur est incorruptible ; elle ne connaît qu’une maison ; elle garde avec un soin religieux la sainteté de la couche nuptiale ; elle nous conserve à Dieu, et destine au trône les enfants qu’elle a engendrés. Se séparer de l’Église, c’est abjurer sa part aux royales promesses ; c’est se prostituer indignement à la femme adultère. Non, il n’arrivera jamais aux récompenses éternelles de Jésus-Christ, le Chrétien qui abandonne l’Église de Jésus-Christ ; c’est un étranger, un profane, un ennemi ; il ne peut avoir Dieu pour père, puisqu’il n’a point l’Église pour mère. Si un seul homme a pu être sauvé autrefois hors de l’arche, le salut est aussi hors de l’Église. « Qui n’est pas avec moi, dit le Seigneur, est contre moi. Qui n’amasse pas avec moi, dissipe. » Vous l’entendez ! En rompant avec Jésus-Christ, on s’élève contre lui ; on dissipe l’Église du Seigneur, dès-lors que l’on moissonne hors de l’Église. Le Sauveur dit encore : « Mon Père et moi, nous ne sommes qu’un. » Ailleurs, il est écrit du Père, du Fils et du Saint-Esprit : « Ces trois ne sont qu’un. » Et l’on s’imaginerait après cela que cette divine unité, fondée sur la parole infaillible de Dieu et cimentée par les sacrements, pût être rompue dans l’Église et aller se perdre dans la lutte ou le divorce des volontés ! Non ; qui ne garde pas inviolablement l’unité, ne garde pas davantage la loi, ne garde pas la foi du Père, ne garde pas la foi du Fils, ne garde ni la vie, ni le salut. Ce sacrement de l’unité, ce lien indissoluble de la concorde universelle, nous est représenté dans l’Évangile par cette tuni-