Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/464

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sieurs pasteurs ! Écoutons en quels termes pressants l’apôtre Paul nous recommande cette unité : « Je vous conjure, mes frères, au nom de Jésus-Christ notre Seigneur, d’avoir tous un même langage et de ne point souffrir de divisions parmi vous, mais d’être unis tous ensemble par un même esprit et dans les mêmes sentiments. » Et ailleurs : « Ayant soin de conserver l’unité d’un même esprit par le lien de la paix. » Et vous, pensez-vous être debout et vivant encore, lorsque vous abandonnez l’Église pour vous bâtir ailleurs un autre domicile, lorsqu’il est dit à Rahab, antique figure de l’Église : « Tu rassembleras dans ta maison ton père, et ta mère, et tes frères, et toute ta parenté ? Quiconque franchira le seuil de ta maison, son sang sera sur sa tête. » Même symbole dans l’Exode. La chair de l’agneau pascal, dont l’immolation préludait à l’immolation du Christ, devait être mangée en commun dans une même maison. Le Seigneur parle ainsi : « Il sera mangé dans une maison, et vous ne porterez point sa chair au-dehors. » La chair de Jésus-Christ, le saint du Seigneur, ne peut donc être portée au-dehors : point d’autre maison que l’Église pour les enfants de la foi. C’est bien là le sanctuaire de la paix et de la bonne intelligence, que l’Esprit saint désignait ainsi dans les Psaumes : « Dieu rassemble dans la même enceinte les frères qu’unit un même cœur et un même esprit. » Voilà pourquoi l’Esprit saint a choisi, pour nous apparaître, la forme d’une colombe, doux et pacifique animal, sans fiel, sans amertume ; point de dents pour mordre, point de serres pour déchirer. Il se plaît parmi les demeures des hommes ; il ne connaît, n’affectionne qu’un nid. Lorsqu’ils engendrent, ils élèvent en commun leurs petits ; en voyage, ils volent affectueusement aile contre aile ; leur vie qui s’écoule sous le même toit, et leurs pudiques caresses, témoignent d’une concorde et d’une harmonie inviolables. La tendresse des colombes, la douceur des agneaux et des brebis, telle est l’image que doit nous présenter l’Église. Que fait, dans une âme chrétienne, la fureur des loups, la rage des animaux immondes, le poison des serpents ? Félicitons l’Église, quand elle perd ces membres im-