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cœur est désuni ; et qu’enfin la prière de quelques personnes, confondues dans une même foi, a plus de pouvoir sur lui que celle d’une multitude où ne règne pas l’unanimité. Voilà pourquoi, lorsqu’il impose à la prière ses règles, il ajoute : « Quand vous irez pour prier, pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous remette vos fautes. » Ailleurs il écarte de l’autel celui qui s’en approche avec la haine dans le cœur ; il lui ordonne d’aller se réconcilier d’abord avec son frère, puis de revenir présenter à Dieu son offrande avec un esprit de paix, parce que Dieu détourna sa face des sacrifices de Caïn. Pouvait-il se flatter d’apaiser le Seigneur, ce frère jaloux, armé contre son frère ? Quelle paix se promettent donc ces ennemis de l’Église ? Quels mystères s’imaginent-ils célébrer avec leur fantôme de sacerdoce ? Croient-ils que Jésus-Christ descende au milieu d’eux quand ils se rassemblent hors de l’Église ? Qu’ils expirent, s’ils le veulent, dans les tortures de la persécution, et en confessant le nom de Jésus-Christ, la souillure de leur apostasie, s’ils persévèrent dans ce crime, ne sera point lavée par l’effusion de leur sang. Hors de l’Église, point de véritable martyr. On ne peut être appelé à régner là-haut, quand on abandonne celle qui est destinée à régner. Dieu nous a donné la paix ; il nous a fait un devoir de l’union et de la charité fraternelles. Quiconque brise les liens de la charité fraternelle n’a plus droit à la couronne des martyrs. Ainsi le déclare l’apôtre : « Quand j’aurais toute la foi possible, jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai point la charité, je ne suis rien. Et quand je distribuerais toutes mes richesses pour nourrir les pauvres, et que je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n’ai point la charité, tout cela ne me sert de rien. La charité est patiente, elle est douce et bienfaisante ; la charité n’est point envieuse ; elle n’est point téméraire et précipitée ; elle ne s’enfle point d’orgueil, elle n’est point dédaigneuse ; elle ne pense point le mal ; elle aime tout, elle croit tout, elle espère tout. La charité ne finira jamais. »

Vous l’avez entendu ! la charité ne finira jamais. Sans doute,