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IV
TABLEAU HISTORIQUE

crin fit une grande faute, il laissa dans la Syrie l’armée assemblée par son prédécesseur. Le petit-fils de la sœur de l’impératrice Julie, mère de Caracalla, Héliogabale, grand-prêtre du soleil, en Syrie, excita le mécontentement des soldats. Macrin marcha contre lui ; et au milieu du combat il prit la fuite. Héliogabale partit de la Syrie pour se rendre à Rome. Avant son arrivée, il y envoya son portrait qui fut placé sur l’autel de la Victoire, dans le lieu des séances du Sénat. On voyait Héliogabale avec ses habits pontificaux, une robe d’or et de soie flottante, une tiare sur sa tête, couvert de colliers et de bracelets du plus grand prix. Son nom d’Héliogabale était le nom sous lequel il adorait le soleil dans la ville d’Émèse, et il voulut que ce fût là désormais le principal culte de toutes les contrées de la terre.

On trouve dans Hérodien le récit d’une procession singulière qui traversa toutes les rues de Rome. Le chemin fut parsemé de poussière d’or. Un temple était élevé sur le mont Palatin en l’honneur du Dieu Élagabale. Sur un char tiré par six chevaux, et conduit par l’empereur ; était une pierre noire tombée, disait-on, du ciel à Émèse, et enchâssée dans des pierreries de la plus grande valeur. Autour de l’autel, de jeunes Syriennes figuraient des danses lascives, et les premiers personnages de l’État, revêtus de leurs longues tuniques phéniciennes, exerçaient les fonctions inférieures du sacerdoce. On célébra ensuite l’alliance de ce Dieu avec la Lune, que les Africains adoraient sous le nom d’Astarté.

Héliogabale, devenu empereur, se livra aux excès les plus honteux. Il épousa une vestale arrachée par force au sanctuaire. Non content de la foule de courtisanes dont il était entouré, il prit le costume et affecta les manières des femmes. Toutes les places furent livrées à ses amis ; l’un d’eux fut appelé le mari de l’empereur, ou plutôt de l’impératrice, nom qu’Héliogabale se donnait à lui-même. Héliogabale adopta son cousin Alexandre, fils de Mammée, et le revêtit du titre de César. Bientôt après, jaloux de lui, il voulut le faire périr ; mais les prétoriens, indignés, le massacrèrent. Son corps, après avoir été traîné dans toutes les rues de Rome, et déchiré par le peuple, fut jeté dans le Tibre.