Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. le capitaine Reibell, commandant la colonne, devra s’abstenir de toute négociation politique avec les autorités du Bornou, conformément aux clauses du traité franco-allemand ;

Le droit de passage étant seul accordé, dès que les opérations contre Fad-el-Allah seront terminées, l’évacuation du Bornou se fera immédiatement, et les deux missions, Saharienne et Afrique Centrale, prendront leurs dispositions pour leur retour en France.

Signé : Gentil.

Au jour fixé, tout est prêt pour la marche en avant. Des outres en peau de bouc (guerbas) ont été réquisitionnées ou achetées partout où l’on a pu s’en procurer ; car, d’après les renseignements que nous avons, il y a fort peu d’eau sur la route qui s’étend entre Koussouri et Dikoa ; les pièces de canon ont été installées sur des chameaux et un stock de vivres en grains, prélevé sur nos réserves, a constitué un petit approvisionnement pour la colonne, qui se met en marche dès le matin. Aucun incident ne se produit en cours de route ; on ne rencontre même pas un éclaireur ennemi. Malgré la rapidité avec laquelle se meut la colonne (on a fait en une journée plus de 60 kilomètres), on arrive trop tard. Dikoa vient d’être évacué dans la nuit. La ville a l’air d’être abandonnée ; les maisons sont à peu près vides, car dès le départ de Fad-el-Allah, une bande de pillards s’est abattue sur la ville qu’elle a mise à sac.

Seuls, quelques commerçants tripolitains, ayant vu que la fortune abandonnait les fils de Rabah, avaient renoncé à les suivre et s’étaient décidés à attendre les événements dans la ville. Ils avaient naturellement pris une large part au pillage qui avait précédé l’arrivée des troupes françaises. Un peu avant d’atteindre les portes de Dikoa, les nôtres, qui étaient en formation de combat, virent venir à eux sept ou huit individus, gesticulant et courant. C’étaient les serviteurs de de Béhagle, qui avaient pu s’enfuir et qui venaient au devant de nos troupes.

Pauvres gens, ils étaient bien heureux de voir leurs épreuves terminées ! C’est par eux qu’on obtint enfin des rensei-