Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/118

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fondamentale : il n’existe qu’un seul modèle du vrai, mais ses copies diffèrent entre elles comme les objets qui en reçoivent l’empreinte. Dans la morale, dans la science, dans la littérature, dans les beaux-arts, nous cherchons toujours l’unité d’existence, l’ordre et les proportions entre les parties d’un même tout. — Voici la question qui se présente. Le modèle du vrai, ce type de l’être, le devons-nous au fait de notre existence, considéré abstractivement ; c’est-à-dire, suffit-il qu’il existe un être intelligent, pour qu’il trouve en lui-même les conditions sans lesquelles aucune existence n’est possible ? Ou bien est-ce au mode particulier de notre être qu’appartiennent les conditions qui sont pour nous le caractère du vrai ?

Notre question comprend celle de Kant, qui pourrait être ainsi exprimée : Notre logique est-elle celle de la raison absolue, ou convient-elle uniquement à la raison humaine ?

À l’égard de ce que ce philosophe remarque touchant notre tendance intellectuelle à chercher les causes de tout ce qui frappe notre attention, il me paraît qu’en adoptant notre manière d’envisager les choses, cette tendance serait l’avertissement que nous n’apercevons pas, dans son