Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/138

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entre un bien petit nombre d’hommes, une langue précise, exacte, où la moindre erreur deviendrait sensible, a été formée et enrichie. Cette langue est celle de la raison dans toute sa pureté. Elle interdit la divagation, elle signale l’erreur involontaire. Il faudrait ne la pas connaître pour essayer de la faire servir à l’imposture. Elle reproduit dans toutes ses conséquences le principe qui lui a été confié. Elle peut servir à prouver que l’unité d’essence, l’ordre et les proportions du sujet que l’esprit humain poursuit obstinément dans tous les objets de son attention, n’expriment pas seulement les conditions de notre satisfaction intellectuelle, mais appartiennent à l’être ou à la vérité.

En effet, lorsqu’on parvient à rendre une question mathématique, c’est-à-dire lorsqu’on a eu l’art d’en saisir l’essence d’une manière assez simple pour que l’analyse puisse s’en emparer, la nature, docile à la voix de l’homme, sanctionne les oracles de la science. Un fait connu, bien apprécié, s’était présenté à la pensée de l’homme comme une conséquence d’un ordre de choses encore inconnu : il a su définir cet ordre ; et bientôt l’expérience, abondante en cir-