Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/166

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Mais cette justesse d’expressions paraît encore plus frappante lorsque, fondée sur un premier rapport apparent et connu, elle se soutient à l’égard des rapports qu’on n’avait pas eus d’abord en vue. Prenons un exemple. Au physique, on appelle monstre un être difforme ; cette expression transportée au moral s’applique aux êtres vicieux, parce que le vice est une difformité morale. Lorsque la langue s’est formée, l’anatomie n’existait pas. Cette science nous a appris que la monstruosité a pour cause le développement extraordinaire de certains organes qui, attirant à eux toutes les forces de la vie, privent les autres organes de la nourriture nécessaire à la croissance qu’ils acquièrent dans l’état ordinaire. En examinant de plus près les êtres qui effraient les sociétés par de grands attentats, ou même ceux qui les troublent par des désordres habituels, nous découvrons que des qualités hors de mesure les entraînent soit à des forfaits, soit seulement à une infraction des lois des sociétés. De telles qualités absorbent leur moralité ; ils manquent d’autres qualités qui, dans des hommes d’un naturel moins prononcé, entretiennent l’amour de la justice et celui de l’ordre.