Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/185

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La musique est toute métaphysique ; ses expressions sont générales, elle ne possède aucun nominatif. Elle n’exprime que des sentiments ; mais il est en sa puissance de produire sur l’âme de l’auditeur le même effet qu’un récit positif d’une action particulière.

Cette langue procède comme toutes les autres ; elle fournit des expressions de tous genres. Le compositeur doit, comme l’orateur, avoir une idée dominante. Il s’empare d’abord de l’auditeur en lui présentant des phrases usitées, que personne ne puisse s’étonner d’entendre. Elles amèneront le développement du sujet ; mais, à moins de circonstances particulières, elles ne l’expliqueront pas en entier.

Si le littérateur veut occuper son lecteur d’idées gracieuses et maîtriser l’attention, sans exciter aucune impression qui trouble le repos de l’âme, ses phrases auront de l’harmonie ; il proscrira toute expression ambitieuse. Il sera constamment pur, et jamais recherché. — Le compositeur qui se propose le même but emploiera des moyens tout pareils. Sa composition sera toujours correcte et simple. L’oreille ne s’étonnera d’aucune des phrases qui lui seront offertes, mais un charme