Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/187

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dire. Plus de vitesse suffit pour rendre gaie une composition qui, exécutée plus lentement, eût été simplement gracieuse. Mais, en musique comme en littérature, la grâce exclut les contrastes qui conviennent à la gaîté, comme la gaîté, sous peine de tomber dans le burlesque, rejette le genre de contrastes réservé à l’expression des grandes émotions.

Les rapports que nous venons d’indiquer entre deux situations de l’âme où elle est dans un état de bien-être, existent également entre celles où elle éprouve un sentiment de tristesse.

La mélancolie et le désespoir peuvent être produits par une seule et même cause. Il arrive même que ces deux manières d’être affecté se succèdent, alternent et se reproduisent chez le même sujet jusqu’à ce que l’impression reçue, s’affaiblissant peu à peu, éloigne ou même fasse disparaître l’accent du désespoir, pour ne plus conserver que l’expression d’une tristesse susceptible de distraction. Alors la mélancolie n’a plus le caractère de l’abattement ; elle devient douce, et quelquefois chère aux personnes qui la ressentent.