Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/21

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cahiers de la chimie de Fourcroy, ceux de l’analyse de Lagrange. Elle fit plus. Une habitude s’était établie parmi les élèves de présenter aux professeurs, à la fin des cours, des observations par écrit ; sous le nom supposé d’un élève de l’École — Le Blanc, pseudonyme dont elle se servit pendant quelque temps, — elle envoya les siennes à Lagrange. Celui-ci les remarqua, en fit publiquement l’éloge, s’informa du véritable auteur et, l’ayant connu, devint le conseiller et l’appui de la jeune mathématicienne.

Les circonstances originales de son apparition, l’approbation de l’illustre auteur de la Mécanique analytique, l’âge de la nouvelle géomètre, quelques détails sur ses commencements qui transpirèrent, tout cela fit du bruit, piqua la curiosité, provoqua la sympathie ; on s’étonna, on s’intéressa, et aussitôt Mlle  Germain se trouva en relations, soit directes, soit épistolaires, avec tous les savants connus de l’époque. Chacun sollicitait l’honneur de lui être présenté : ceux-là lui communiquaient leurs travaux, ceux-ci lui adressaient leurs ouvrages, on venait causer chez elle. Et tout de suite ceux qui l’approchèrent reconnurent que « cette femme savante » échappait