Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/354

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« En 1808, un physicien allemand, Chladni, déjà célèbre par ses recherches sur les vibrations des surfaces élastiques, vint à Paris répéter ses expériences devenues maintenant vulgaires et que vous avez sans doute vues dans vos cours. Il saupoudrait de sable fin des plaques élastiques dont les vibrations se traduisaient aux yeux par les figures qu’elles dessinaient, démontrant ainsi que les vibrations des corps sont soumises à des lois mathématiques. Napoléon, présent à ces expériences, fit proposer un prix extraordinaire à l’Institut pour qu’elles fussent soumises au calcul. Mlle Germain se résolut à prendre part au concours.

« Elle avait alors trente-deux ans ; elle n’avait encore osé rien publier. Le problème proposé était des plus difficiles, il avait tenté les plus grands savants et n’avait été résolu que d’une manière partielle. D’AIembert avait donné la solution du cas « linéaire » ; c’est-à-dire du mouvement vibratoire « à une seule dimension » ; il s’agissait de considérer un cas plus compliqué, la, théorie mathématique des « surfaces » élastiques, c’est-à-dire le mouvement vibratoire « à deux dimensions »

« Lagrange déclara que la question ne serait pas résolue sans un nouveau genre d’analyse ; les géomètres s’abstinrent. Seule, Sophie Germain, soutenant dignement l’honneur de votre sexe, ne désespéra pas. Elle lutta huit ans — huit ans ! entendez-vous ? — envoyant