Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/371

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huitième siècle, fit de la géométrie une véritable mode. C’est à cette source pure des vérités abstraites, que s’apaisait la soif de vérité de nos pères.

Après l’énoncé du principe, suit la démonstration générale. Sophie Germain demande s’il y a une grande différence entre les impressions du savant et celles que nous procure un ouvrage d’imagination. On s’attend bien que la réponse sera négative, car, pour Sophie Germain, l’esprit humain, dans ses œuvres, est guidé par la prévision decertains résultats vers lesquels il dirige tous ses efforts. Et comme l’esprit humain obéit aux lois de sa propre existence, la méthode sera la même ; aussi, dans tous les traits du génie, en éloquence, dans les sciences, les beaux-arts, la littérature, ce qui nous plaît, c’est la découverte d’une foule de rapports que nous n’avions pas encore aperçus.

Après ces formules étroitement liées, nous arrivons à la démonstration si importante de l’identité des procédés intellectuels, dans la poésie et dans la science. Sophie Germain nous montre alors, pour des constructions d’un ordre bien distinct, la même alliance indispensable de l’induction et de la déduction, au discernement et à l’imagination. On ne peut lire sans entraînement cette analyse pénétrante où l’on assiste à la lutte tumultueuse des images abstraites du poète, a la naissance d’une idée simple qu’il reconnaît et dont il s’empare. Chez le géomètre, c’est également une idée simple, féconde, qui surgit à travers la série