Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La démonstration semblait épuisée, Sophie Germain la reprend, pour les lettres, l’éloquence, la peinture, l’art musical, la pantomime. Faut-il s’étonner que les anciens, très ignorants sur les lois d’un grand nombre de phénomènes, aient atteint la perfection dans tous les genres d’écrire ? Non, puisque le beau résulte des lois mêmes de l’entendement et que cette ignorance dut alors laisser une pleine indépendance à l’imagination. Pour émouvoir et pour plaire, le poète n’avait qu’à suivre les lois de sa propre nature. Lorsque nous cherchons aujourd’hui à imiter la littérature des anciens, les fictions et les formes du style ne sont plus en harmonie avec notre état social et mental.

Pour fortifier ces remarques de Sophie Germain, on peut rappeler à cet égard, la vive réaction de l’école de Racine et de Molière, contre celle de Corneille.

Sophie Germain étudie ensuite avec une grande sagacité les effets déplorables de l’usage des expressions scientifiques, dans les écrits des esprits vagues, et nous montre rigoureusement le pédantisme de la littérature exclusivement vouée aux idées dominantes.

« Il n’est pas permis de faire rire, observe-t-elle, si ce n’est aux dépens des personnes qui se montrent ennemies des innovations. La raillerie est amère, elle a perdu la grâce qui savait en adoucir les traits ».

Mais Sophie Germain prévoit une renaissance suscitée par l’application du calcul à l’étude des théories