Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/397

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l’homme, vient sanctionner les oracles de la science, et l’on ne peut douter que « le type de l’être ait une réalité absolue, lorsqu’on voit la langue du calcul faire jaillir d’une seule réalité dont elle s’est emparée, toutes les réalités liées à la première par une erreur commune ».

C’est par l’emploi de la langue parfaite, mais bornée des mathématiques, que Sophie Germain espère « l’abolition des idées systématiques et la conquête des régions qui en furent longtemps le domaine ».

Bien éloignés encore de réaliser ces hautes espérances, nous avançons avec lenteur vers l’état de perfection intellectuelle, dont plus d’un penseur éminent a signalé avant elle le lointain avènement. Pour des yeux assez clairvoyants, capables de voir, suivant la prédiction conditionnelle de d’Alembert, dans l’univers un fait unique, ce fait, Sophie Germain l’affirme, devrait lui-même être nécessaire ; la distinction entre le contingent et le nécessaire n’étant, au fond, que celle qui se trouve entre les faits dont on ignore la cause et ceux dont on connaît la nature.

Si l’entière réalisation de ces hautes espérances demeure éloignée, l’heure approche cependant, le triomphe se prépare, et Sophie Germain ne craint pas de promettre au domaine de la certitude des accroissements prochains et considérables.

« Peu d’années s’écouleront, dit-elle, avant que les sciences morales et politiques subissent la même