Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/98

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égarée autour de la route qui devait le conduire à la connaissance certaine d’une vérité qu’il est à présent en état de démontrer. Bien loin de là, chaque auteur a mis tous ses soins à faire disparaître la trace de ses premiers essais, pour ne conserver que les formes propres au sujet. Le lecteur vient ensuite chercher, suivant ses dispositions personnelles, soit un délassement agréable, soit une instruction solide. Le titre du livre suffit pour qu’il soit assuré de n’avoir à faire usage que du degré d’attention qu’il veut accorder, et il est naturellement porté à croire que les auteurs eux-mêmes ont écrit ou dans l’abandon d’une imagination qui erre en liberté, ou avec l’austère méthode d’une déduction qui ne permet aucun écart. De là cette séparation, jadis si respectée, entre le domaine de l’imagination et celui de la raison.

Disons aussi que, dans un temps déjà éloigné, l’extrême division du travail nécessaire à la science naissante, avait dû accréditer l’idée de spécialité dans les facultés de l’âme. Mais, aujourd’hui que les bienfaits de l’imprimerie assurent à l’esprit humain la jouissance de tout ce que les générations précédentes ont accumulé