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Se dirigeant vers le nord, celui-ci allait traverser le ruisseau de Jonan, à un kilomètre en amont du chemin de Mornant à Saint-Laurent-d’Agny. Mais les traces du pont ont complètement disparu ; il était probablement de peu d’étendue. Gasparin signale des substructions qui soutenaient le canal hors de terre, sur la rive gauche du ruisseau ; je n’ai pu les retrouver. Par contre, j’ai reconnu par plusieurs points de repère le parcours que cet auteur indique dans la plaine entre Saint-Laurent-d’Agny et Taluyers ; le sol, défoncé en plusieurs endroits à travers les grandes prairies qui couvrent cette plaine, laisse apercevoir l’aqueduc à une très petite profondeur au-dessous de sa surface. Les dimensions que j’y ai relevées s’accordent tout à fait avec les précédentes. Il est évident que la construction a été faite avec régularité, d’après une parfaite unité de plan.

De la plaine de Taluyers, le canal s’engageait dans une région plus accidentée le long des coteaux qui sur la commune d’Orliénas bordent le ruisseau de Casanova, affluent du Merdançon, et cette rivière elle-même ; elle est franchie sur un pont, qui devait avoir de quarante à quarante-cinq mètres de long et comprendre sept arches. Il en subsiste : les fondations de la culée d’amont, des vestiges des troisième, cinquième et sixième piles, ainsi que de la culée d’aval. La hauteur du radier pouvait, être de huit à neuf mètres. Sur ces coteaux, soit sur une rive, soit sur l’autre, on trouve dans les champs plusieurs traces de substructions, qui çà et là maintenaient l’aqueduc hors de terre ; elles oui leurs faces garnies de l’appareil réticulé.

Après un détour assez long auquel l’oblige la descente de la vallée, le canal se retourne sur le vaste plateau qui s’étend entre Orliénas et Soucieu-en-Jarez. Désormais il ne suivra plus de vallée. Aux longs détours sinueux qu’il a faits jusqu’ici, va succéder un avancement presque en droite ligne sur trois plateaux successifs, jusqu’à ce qu’il en atteigne finalement un quatrième, celui de Fourvière, après avoir franchi d’un triple bond les trois vallées qui les séparent : « Il fallait nécessairement, dit M. de Gasparin[1], franchir la vallée du Garon pour arriver sur la colline de Chaponost, puis la vallée de l’Iseron pour arriver

  1. Ouvr. cité, p. 20.