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et qui n’est autre qu’une partie de l’emplacement du forum romain. La ligne d’arcades, à son début, à peu de distance du réservoir, passe tout d’un coup d’un côté à l’autre de la rue, sans qu’on retrouve le raccord à double angle droit qui devait relier les deux tronçons, de directions parallèles : l’arc transversal de liaison a disparu. Mais l’authenticité certaine de ce coude prouve ce qui vient d’être énoncé plus haut, à savoir que le parcours de l’aqueduc devait subir certaines exigences imposées par le plan même de la ville, par l’emplacement de ses voies et de ses maisons[1]. Comme aux plateaux de Chaponost, de Soucieu et de Sainte-Foy, les arcades, s’abaissant peu à peu, faisaient place à des substructions, puis à la tranchée couverte. En faisant les déblais pour la construction de la gare du funiculaire de Fourvière, les ouvriers ont rencontré l’aqueduc sur une longueur d’environ quinze mètres, dans l’axe même de la rue du Juge-de-Paix. Sur toute la longueur de l’aqueduc, découverte par la fouille, existait, adossé à la paroi ouest, un massif énorme de substructions antiques, de quatre mètres d’épaisseur environ, et dont les fondations étaient établies assez profondément en contre-bas du canal. La façade d’un couvent[2] repose sur ces substructions. La maçonnerie en est faite de petits moellons, noyés dans un bain de mortier, le tout d’une dureté extrême[3]. La construction de l’aqueduc est évidemment postérieure aux substructions contre lesquelles il chemine (fig. 55). L’aqueduc atteint enfin son point terminus, un grand réservoir situé vers l’angle nord-est de l’esplanade de Fourvière, au haut de la montée des Anges, vers l’entrée du passage Gay, à l’altitude de 292 mètres, soit à 8 mètres environ au-dessous du radier du dernier réservoir de fuite, qui est à la cote 300,39. Quand il sera question

  1. C’est l’existence de ce coude qui a fait supposer en ce point, à M. de Gasparin, une bifurcation de l’aqueduc, origine de la distribution des eaux. On a cru aussi à un réservoir de distribution qui aurait existé au-dessus de cette arcade. Rien ne permet d’affirmer cela. Mais, comme nous le verrons, rien ne permet non plus de nier l’existence de châteaux d’eau avant les citernes de Fourvière.
  2. Ces renseignements m’ont été fournis, par M. Bosi, ami de M. Steyerl, qui, par ses patientes recherches et ses observations clairvoyantes, a été souvent pour celui-ci un collaborateur précieux.
  3. Le couvent de Jésus-Marie.