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contrôle de la justesse de l’appareil. Il indique la longueur du canal, mais il est évident que, pour des nivellements précis, ce canal pouvait être plus long. La justesse et la précision dépendaient du degré de perfection réalisé dans l’agencement des différentes parties et la solidité des assemblages. Faute de renseignements à ce sujet, nous ne pouvons contrôler le bien-fondé de la préférence de Vitruve pour cet appareil. Toutefois, on peut la croire due, pour une part, à ce qu’elle dispensait des visées, nécessaires à l’usage de la dioptre, qui comportait une mire. Pour déterminer avec le chorobate la différence de niveau entre deux points choisis, on mesurait dans l’intervalle chaque dénivellation donnée par un déplacement d’une longueur de l’appareil, ce qui se pratiquait sans doute en glissant sous une des crosses des cales d’épaisseurs différentes, bien étalonnées, jusqu’à ce que l’instrument fût remis de niveau ; la somme de ces épaisseurs donnait un chiffre inscrit chaque fois. À la fin, une somme algébrique fixait la différence de niveau entre les deux points choisis.

Opérations du nivellement pour le tracé des aqueducs. — Évidemment ces instruments lents et lourds rendaient par eux-mêmes longues et compliquées les opérations du tracé d’un aqueduc. De plus, outre l’avantage de nos appareils de précision, de ces niveaux à bulle d’air rigoureusement équilibrés, de ces lunettes permettant des visées impeccables, nous avons sur les anciens le privilège d’être guidés dans nos études préliminaires par l’examen des cartes déjà dressées pour chaque pays avec l’indication des cotes d’altitude principales et parfois avec le tracé des courbes de niveau. En quelques minutes, nous pouvons ébaucher un avant-projet. De longs tâtonnements étaient nécessaires à l’ingénieur romain.

Voici comment il procédait. La situation des sources, ou la disposition du lit et des rives du cours d’eau à capter lui indiquait le point de départ propice. Le point d’arrivée lui était désigné par les nécessités de la distribution, par le relief du sol aux environs, et par un premier nivellement sommaire, probablement à la dioptre, entre la ville et la source. Puis il fixait provisoirement quelques points principaux de passage, en déterminant de la même façon leurs altitudes relatives ; il examinait notamment