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C. Suivant la constitution interne du massif.

1o La maçonnerie constituée par assises successives allant d’un parement à l’autre. Dans ce système rentrent l’isodomum et le pseudisodomum des Grecs, et aussi leur procédé par pierres dites διάτονοι, c’est-à-dire parpaings, disposées une à une[1] (singuli), c’est-à-dire isolément, par intervalles.

2o La maçonnerie avec blocage intérieur, διάμικτον[2] ou ἔμπλεκτον[3] (diamicton, emplecton). Bien que les Grecs l’aient employé, puisqu’ils l’ont nommé[4], ce mode n’a été pratiqué en grand, comme il a été dit plus haut, que par les Romains. Il s’exécutait en établissant à l’intérieur des parements des couches alternées de pierres brutes et de mortier[5]. C’est ainsi que le décrit Vitruve et qu’on le constate dans les constructions romaines encore debout.

La structure des ouvrages apparents de nos aqueducs se range : 1o dans la catégorie des constructions en petit appareil ; 2o dans celle des assises horizontales réglées et égales, aux trois premiers aqueducs, et dans celle de l’opus reticulatum à l’aqueduc du Gier ; 3o dans celle du système diamicton ou emplecton, soit du blocage intérieur.

De tous les parements usités dans la construction proprement romaine, les deux seuls dont les éléments fussent joints par des interstices de mortier étaient l’opus spicatum et l’opus incertam ; et cela non pas même dans tous les cas, car on trouvait souvent le moyen de s’en passer en garnissant avec de petits éclats de pierres les vides laissés entre les galets du spicatum ou les moellons de l’incertum. C’est que les anciens se faisaient, comme le remarque M. Choisy, une autre idée que nous du rôle joué par le mortier

  1. « Praeterea interponunt singulos crassitudine perpetua utraque parte frontatos, quos διάτονοι appellant, qui maxime religando conlirmant parietum soliditatem. » (Vitruve, ii, 8, 48.)
  2. « Medios parietes farcire fractis caementis, diamicton vocant. » (Pline, xxxvi, 51.).
  3. « Altera est, quam ἔμπλεκτον appellant, qua etiam nostri rustici utuntur. Quorum frontes poliuntur, reliqua ita uti sunt nata cum materia conlocata alternis alligant coagmentis.» (Vitruve, ii, 8, 48.)
  4. D’après Vitruve, ce serait un système qu’ils auraient même rejeté : « Graeci vero non ita, sed plena conlocantes et longiludines corum alternis in crassitudinem instruentes, non media farciunt sed e suis frontibus perpetuam et unam crassitudinem parietum consolidant. » (ii,8, 48.)
  5. V. note 3 ci-dessus, la phrase citée, que je traduis : «Les parements étant polis, le reste est formé de pierres brutes qu’on dispose par couches alternées avec du mortier qui les relie. »