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de moyen et de petit appareil, ne différait pas essentiellement de celui que nous pratiquons aujourd’hui pour nos blocages en moellons bruts, à part l’épaisseur un peu plus forte des lits de mortier et l’emploi de matériaux plus petits, dans la construction antique.

Construction des piles aux ponts-aqueducs de Lyon. 1o Avec parement de petites assises horizontales. — Représentons-nous, d’après ce système, l’édification d’une pile d’un de nos ponts-aqueducs, d’abord d’un de ceux dont le parement, était à petites assises horizontales. Celles-ci se composaient de moellons prismatiques rectangulaires, à faces très régulières et à vives arêtes vers la tête, mais amincis et déformés en queue. La face extérieure, ou rigoureusement taillée, ou simplement épincée, avait 00m,15 à 0m,20 sur 00m,08 à 0m,10, et la longueur du moellon était de 0m,25 à 00m,30. La pierre était posée à plat, sans liaison de mortier, comme il a été dit. Le massif de fondation étant déjà établi, on commençait, un peu au-dessous du niveau du sol, à dresser le parement sur tout le pourtour jusqu’à ce que son niveau eût atteint, hors de terre, une hauteur de trois à quatre pieds ou un peu plus, soit de 1 mètre à 1m,50.

Il est évident qu’en opérant alors le blocage interne par compression, on aurait immédiatement fait éclater les parements, à moins d’entourer ceux-ci d’un encaissement en charpente. Mais jamais les Romains, naturellement disposés aux solutions pratiques, n’auraient eu l’idée de compliquer ainsi le travail[1]. On étendait donc au fond de l’alvéole une couche de mortier de 3 à 4 centimètres au plus, par-dessus laquelle on posait à la main les cailloux en les enfonçant ; cette assise était à son tour surmontée d’une nouvelle couche de mortier, et ainsi de suite

  1. Le procédé de construction par coffrage était cependant appliqué par les Romains quelquefois, au moins pour les murailles en pisé. « Que les Romains aient connu et pratiqué la bâtisse par encaissement, cela ne semble donner lieu à aucun doute, et entre autres textes très formels, un passage de Varron (de Re rust., liv. I, 14) montre qu’ils en ont fait usage au moins pour des clôtures en terre établies sans emploi de chaux, et qui ne pouvaient s’exécuter que par moulage. Peut-être ont-ils étendu, dans certains cas, ce procédé aux travaux de maçonnerie proprement dits, mais, nulle part, je n’en ai constaté l’application d’une manière assurée ; et si la maçonnerie par encaissement fut employée chez les Romains, je voudrais du moins établir qu’elle ne prit jamais dans l’antiquité le caractère d’une méthode générale. » (A. Choisy, ouv. cité, p. 22.) — Les indications de Delorme (p. 42) et <le Gasparin (p. 36) sur le procédé par encaissement, qui aurait été employé aux aqueducs de Lyon, sont tout à fait erronées.