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population allobroge de cette ville ; et c’était sans doute pour ces colons bannis que le Sénat avait décidé de constituer un établissement stable et assuré[1]. Plancus fut seul à exécuter l’ordre, Lépide s’étant sur ces entrefaites rallié à Antoine, et venant d’être mis hors la loi. La fondation eut lieu entre les mois de juillet et de novembre de l’an 711/43.

César désigne les Ségusiaves comme le premier peuple que l’on rencontre après avoir traversé le Rhône au nord de la province romaine[2]. Vassale des Éduens, cette tribu avait, pendant la durée des campagnes du conquérant, presque toujours gardé une attitude favorable ou neutre à l’égard des Romains. Son territoire avait pour centre la plaine du Forez, et constituait un rectangle limité approximativement, au nord par une ligne partant de Roanne et perpendiculaire à la Saône, à l’est par la Saône et le Rhône jusqu’à la hauteur de Vienne, à l’ouest par les monts du Forez (confins des départements actuels de la Loire et du Puy-de-Dôme), au sud par une perpendiculaire commune menée de Vienne au Rhône et à la Loire[3].

Le surnom de Copia fut donné à la nouvelle colonie : appellation d’heureux augure, signifiant la richesse et la prospérité qu’on lui promettait pour l’avenir, et que sa situation exceptionnelle faisait justement espérer. C’était le point de rencontre des voies naturelles unissant les trois mers, la Méditerranée, la mer du Nord et l’Océan, par le Rhône d’une part, de l’autre par la Saône et le Doubs, les dépressions de la Côte-d’Or et la trouée des Vosges ; enfin par la Loire, vers laquelle les quatre vallées du Gier, de la Brévenne, de la Turdine et de l’Azergue ouvraient des passages commodes. Au pied des deux collines qui dominaient ce carrefour comme deux bastions avancés, s’étendait une vaste plaine, dont on pouvait, de cette place, surveiller les portes ouvertes sur les défilés des Alpes : et l’on commandait ainsi l’entrée de l’Italie.

Munatius Plancus, après avoir accompli les cérémonies d’usage et présidé aux premières mesures d’organisation matérielle et administrative de la cité, la quitta promptement pour s’occuper

  1. L’existence préalable d’habitations, à l’endroit où l’on fondait une colonie, eussent-elles formé déjà un bourg ou une ville, n’empêchait nullement les formalités de partage et de délimitations géométriques entre les nouveaux colons (V. Fustel de Coulanges, La cité antique, liv. III, ch. IV, p. 160).
  2. De bello gallico, VII. 90.
  3. V. Auguste Bernard, Description du pays des Ségasiaves (Paris, 1858), p. 38-39.