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Structure identique de l’appareil réticulé aux aqueducs de Lyon et aux monuments reconnus de l’époque d’Hadrien. — Dans quelle mesure le genre d’appareil usité peut-il fournir des indications sur les époques de construction de nos aqueducs ? Il convient d’être très réservé dans les conclusions que suggère un semblable examen. On trouverait sans doute à toutes les périodes de l’architecture romaine, depuis les deux derniers siècles de la République jusqu’à la chute de l’Empire, des exemples du petit appareil rectangulaire, avec ou sans trace d’échafaudage. Aussi nul ne saurait prétendre que l’aqueduc de La Brévenne est postérieur à celui du Gier, sous prétexte, que certaines piles provenant d’une restauration de celui-ci, comme au Langonan, sont appareillées suivant le même mode que les piles du pont de Grange-Blanche à celui-là. Quant à l’appareil réticulé, nous savons qu’il était déjà très en vogue au temps de Vitruve, c’est-à-dire au temps d’Auguste[1].

Est-ce une raison pour faire remonter l’aqueduc du Gier à cette époque-là ? Evidemment non. Un siècle plus tard cet appareil était encore tellement en honneur que l’empereur Hadrien faisait, construire presque entièrement avec le système de parements réticulés sa fameuse villa de Tibur, cette ville aux cent palais, de plusieurs milles de tour. Qu’on examine de près cet appareil aux murs de ces palais, on lui trouvera certainement un aspect différent de celui qu’il présente aux monuments du même genre dont la date authentique remonte au siècle précédent. L’effet décoratif est plus recherché, mieux obtenu ; les cordons de briques sont plus répétés, plus régulièrement placés, les chaînes d’angle plus réduites. Or, c’est ce même aspect que l’on retrouve à s’y méprendre aux arcades de Soucieu, de Chaponost, de Beaunant. À ces dernières et à celles de Soucieu, j’ai signalé déjà une particularité qui frappe tout de suite le regard et, tout en produisant

  1. Malgré les savantes recherches critiques publiées par M. Victor Mortel dans la Revue archéologique (t. XVI, 1902), et d’où il ressortirait que Vitruve fut contemporain des Flaviens, je m’en tiens encore, jusqu’à de nouvelles preuves plus décisives, à l’opinion commune. L’argument le plus fort, à mon sens, pour conserver celle-ci, c’est celui qui résulte d’une remarque de M. Choisy (ouvr. cit., p. 178) sur le peu de place que Vitruve consacre dans son œuvre à la construction voûtée. Si cette œuvre est postérieure de près d’un siècle à l’édification du Panthéon d’Agrippa, d’où date vraiment, par l’emploi général et infiniment varié des voûtes, une ère nouvelle dans l’histoire île l’architecture, comment se fait-il que rien, dans cet écrit d’un architecte, ne marque la trace d’un fait aussi capital ?