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Gaules. Est-ce donc à lui qu’il faudrait attribuer l’envoi de ce contingent supplémentaire de citoyens, et avec eux de tout le personnel nécessaire à la construction des grands édifices et des travaux d’art, tels que voies de communication, aqueducs, ponts, bassins et digues ? Mais comment cette mesure si importante aurait-elle pu être prise et surveillée par un homme d’abord uniquement occupé de proscriptions ou plongé à Rome dans la débauche[1], bientôt obligé de partir pour la Grèce, et chargé après Philippes d’une campagne en Asie et en Égypte, d’où il ne revint qu’au bout de deux ans, après avoir mené la vie inimitable que l’on sait, et pour échanger presque aussitôt, par le traité de Brindes, son domaine nominal des Gaules contre l’empire en Orient ?

On a retrouvé cependant de petites pièces de monnaie, des quinaires d’argent, qu’Antoine fit frapper pour la Gaule[2]. Les sujets de la face et du revers sont les mêmes dans toutes : sur la face figure le buste de la Victoire ailée, et sur le revers un lion, emblème adopté par le triumvir. Mais les légendes et les exergues offrent deux variétés différentes. Sur l’un des exemplaires, on lit en exergue. IIIVIR. R. P. C.[3] ; au revers ANTONI. IMP.[4] A.XLI. Sur l’autre, il n’y a pas d’exergue à la face, et le revers porte la légende LVGVDVNI. A. XL. Les sigles A.XL et A.XLI signifieraient, d’après Eckhel[5], l’âge d’Antoine aux deux années consécutives 711 et 712 (43 et 42. av. J. —C). Ces monnaies, dont les indications se complètent mutuellement, ont donc été frappées à Lyon à cette époque. Mais cela n’atteste pas autre chose que le droit accordé aux généraux de faire frapper monnaie à leur nom dans les provinces où ils étaient pourvus du commandement en chef (imperium). D’autre part, Lugudunum étant la seule colonie romaine de la Gaule chevelue[6], son nom figurait naturellement

  1. Plutarque nous le représente, aussitôt après avoir assouvi ses principales vengeances, installé dans la maison du grand Pompée, et y menant la vie la plus dissolue, en compagnie de mimes et de bouffons (Vie de Marc-Antoine, XXI).
  2. On trouve la reproduction de deux types de ces médailles dans l’ouvrage cité de A. de Boissieu, p. 126.
  3. Triumvir reipublicae constituendae.
  4. Antonius imperator.
  5. Doctrina nummorum veterum, t. VI, 40.
  6. Vienne, sa voisine, avait cessé d’être colonie romaine, du jour où elle avait expulsé les habitants qui trouvèrent asile à Lugudunum, et jusqu’au règne de Caligula, elle resta classée parmi les colonies latines (V. Ernest Lavisse, Hist. de France, t. premier, II, La Gaule indépendante et la Gaule romaine, par G. Bloch, p. 340).