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terreux[1]. » Conformément à une bonne pratique, qui n’a pas cessé d’être suivie, il déclare que le meilleur indice d’un bon sable est d’être craquant, et, projeté sur un vêtement blanc, de n’y laisser aucune trace, une fois secoué. Quant au sable marin, bien qu’il l’admette (non minus etiam de litore marino), il se rend bien compte de ses fâcheuses propriétés hygrométriques ;il constate que ce sable sèche difficilement, empêche à cause de cela d’élever rapidement les murs, et ne peut convenir à la construction des voûtes ; enfin, qu’il détermine sur les crépis la formation de salpêtre, (remittentes salsuginem).

Le sable employé aux aqueducs de Lyon pour la confection des mortiers était un sable très quartzeux, provenant, soit des fleuves et rivières de la région, soit des arènes granitiques assez répandues parmi les roches primitives qui constituent le terrain sur le parcours de la plupart de ces aqueducs[2].

L’homogénéité remarquable des mortiers romains révèle le soin extrême apporté à leur préparation. Jamais on n’y trouve aucun nodule de chaux isolé du sable, non plus qu’aucun carbonate incuit. Voilà où il faut chercher surtout la raison de la supériorité de ces mortiers, comparativement à nos mortiers communs, qui si souvent s’effritent et se cassent. Tous les architectes savent avec quelle difficulté on obtient des maçons qu’ils fassent des dosages exacts, qu’ils ménagent le volume d’eau versé sur la chaux, qu’ils y mêlent graduellement le sable et qu’ils emploient le temps nécessaire au corroyage. Le travail du maçon romain était donc très minutieusement surveillé et contrôlé.

Analyses et essais de mortiers et ciments provenant de Rome et de Lyon. — Voici quelques analyses de mortiers romains, de provenances diverses :

  1. Il distingue ces sables fossiles d’après leur couleur: noirs, blancs, rouges; quant à celui qu’il appelle carboncle (carbunculus), ce devait être un sable de couleur brune. En suivant les divers étages géologiques on peut trouver ces couleurs, qui dépendent à lieu près uniquement des oxydes métalliques. On serait bien mieux renseigné par une distinction entre sables provenant de roches éruptives et de formations sédimentaires. Mais c’est là une distinction qu’on n’était pas en état de faire au temps de Vitruve.
  2. Ces arènes donnent un très bon mortier. C’est avec du sable de cette nature qu’ont été faits les mortiers pour la construction de l’aqueduc du Furens et du barrage du Gouffre-d’Enfer à Saint-Etienne.