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des thermes, par exemple, des spectacles[1], où la profusion d’eau était nécessaire. Enfin, le reste est désigné sous le nom générique de lacus, qui peut s’appliquer à toute espèce de pièces d’eau : lavoirs, citernes, abreuvoirs, bassins, fontaines jaillissantes (que Vitruve distingue sous le nom de salientes). Ce terme de lacus n’est en somme limité que par les catégories précédentes.

L’eau « nomine Caesaris ». Les répartitions successives. — À en croire Pline[2], le nombre de ces lacus aurait de beaucoup surpassé le chiffre de 591, puisque Agrippa en aurait à lui seul, pendant son édilité, créé 700. Mais entre les deux, c’est Frontin qu’il faut croire, puisqu’il avait en main les chiffres officiels. La seule façon de concilier les deux indications serait de penser que sur les lacus et les salientes créés par Agrippa, un grand nombre était octroyé « nomine Caesaris ». Il est dans tous les cas certain que l’eau prise au nom de César servit à déployer une magnificence et un luxe inouïs, soit pour les plaisirs de l’empereur lui-même, soit pour ceux du peuple : immenses bassins creusés pour les naumachies[3], réservoirs pour les jeux divers des amphithéâtres, pour toutes les fontaines improvisées aux somptueux jours de fêtes, tel était, après les jaillissements dans les vasques des palais, des thermes et des jardins impériaux, l’emploi de l’eau nomine Caesaris.

Faut-il croire que pour chaque aqueduc la répartition se faisait au premier château d’eau une fois pour toutes entre ces trois destinations, César, le public et les particuliers, ce qui reviendrait à dire que sur les 243 châteaux, il n’y en avait que 9 de publics contre 233 privés ? Évidemment non. Dans chaque région de Rome se

  1. « Quantum muneribus — ita enim cultiores appellant — quantum lacibus, etc.» (De Aquis, 3). Dederich : « cultiores, id est qui cullius urbaniusque loquuntur, explicante Forcellino. Vulgare nomen videtur fuisse spectacula. » — M. Lanciani (ouvr. cité), fait rapporter cultiores à lacus sous-entendu, et manera signifierait des fontaines plus ornées que les autres. Je pense qu’il vaut mieux s’en tenir à l’interprétation de Dederich. Juvénal (sat. iii, v. 36), parle de ces parvenus, jadis joueurs de cor salariés, qui à présent offrent des spectacles au peuple (munera) :

    Munera nunc edunt, et verso pollice vulgi
    Quemlibet occidunt populariter.

  2. Hist. nat., xxxvi, 24.
  3. L’aqueduc Alsietina ne fournissait d’eau dans Rome qu’à la naumachie d’Auguste située dans la région transtévérine. (De Aquis, 22, 85.)