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les murs sont recouverts d’un mortier de ciment épais de 0m, 10, avec bourrelets aux angles du radier. Ce dernier est formé d’une épaisseur de ciment de 3 centimètres, d’un pavement en petits carreaux de terre cuite et très dure, liés avec du mortier de ciment, et, sous ces deux couches, d’une épaisseur de 16 centimètres de béton composé de chaux et de sable broyés avec de petits morceaux ou recoupes de pierre de Choin-de-Fay. Dans ce réservoir, l’on n’aperçoit plus aucune trace des orifices des tuyaux. Ces tuyaux descendaient la montagne, traversaient la Saône et remontaient sur la montagne opposée dans un réservoir de fuite qui pouvait être derrière les Chartreux. »

On voit bien, en effet, ce vestige où Flacheron l’indique. Mais il en précise l’usage, à l’époque où c’était peut-être un réservoir, avec une assurance qu’il est impossible de partager, même discrètement. Je ne crois donc pas à ce réservoir de chasse, à cette place du moins. Mais il est fort possible que des tuyaux aient traversé la Saône, soit pour gagner la colline de Saint-Sébastien, soit pour se rendre dans l’île d’Ainay. L’exemple ne serait pas unique chez les Romains de tuyaux de plomb traversant un cours d’eau. Stace, célébrant la villa de Manlius Vopiscus, à Tibur, parle d’une dérivation de l’eau Marcia qui arrivait en coulant par des tuyaux de plomb sous l’Anio jusqu’à la princière demeure :

Teque per obliquum peniius quae laberis amnem,
Marcia, et audaci iranscurris flumina plumbo[1].

Il est, au surplus, difficile de concevoir qu’on ait amené les eaux de toutes les montagnes environnantes sur la colline de Fourvière pour l’usage exclusif de ce quartier, qui, malgré son importance bien plus grande qu’aujourd’hui, n’aurait pas absorbé à lui seul une profusion d’eau si considérable, tandis que les deux autres quartiers, qui se développaient et s’enrichissaient de jour en jour, en auraient été privés. Sans doute les Romains connaissaient suffisamment les moyens d’élever l’eau par les pompes et les norias pour faire servir à bien des usages l’eau de la Saône et du Rhône ; mais on sait qu’il y avait de l’autre côté

  1. « Et toi, Marcia, qui franchis le cours oblique du fleuve, et qu’un plomb audacieux porte à travers ses ondes. » (Silves, 1, iii, 66.)